Développement technique du roller

 

1. La genèse du patin à roulettes : les premiers patins furent en ligne

 

Nous nous devons de rendre hommage à l'un des rares historien du roller : Sam Nieswizski pour son excellent ouvrage « Rollermania » de 1991 :

« On pourrait croire l’invention des patins à roulettes assez récente, mais en réalité, les tout premiers modèles , bien différents des « rollers » que nous connaissons, sont apparus il y a plus de deux siècles».

Les premiers rollers semblent donc dater du XVIII ème siècle. L’ouvrage référence de l’histoire du patin à roulette qu’est « Rollermania » nous précise que ces premiers patins étaient en ligne et non à essieux.

On nomme patins à essieux les rollers traditionnels (actuellement appelés « quads »). L’auteur attribue cela au fait que les premiers patins en ligne furent largement inspirés des patins à glace. Nous pouvons noter au passage que, dès les prémices, le châssis présente des ressemblances troublantes avec les modèles actuels. Nous pouvons constater tout d’abord la présence de 5 roues alignées comme sur les rollers de vitesse actuels utilisés en compétition. Il est également intéressant de noter, dès à présent, que les roues ont différents diamètres. Comme nous le verrons dans le chapitre relatif aux innovations actuelles, ce concept a été réutilisé pour chaque modalité de pratique mais avec des enjeux différents. A cette époque déjà, on avait compris que la disposition des roues en arc de cercle rendait les patins plus maniables et facilitait la prise de courbes. Nous remarquons enfin, le système de freinage déjà présent à l’époque sur l’arrière du châssis et qui n’est pas sans rappeler les tampons des modèles actuels.

S. Nieswizski nous indique que l’on ne sait que partiellement qui a inventé le patin à roulette. Il aurait trouvé trace d’un hollandais du début du XVII ème siècle mais ne dispose pas d’une documentation suffisante à ce sujet. On attribue donc l'invention des patins à roulettes à John Joseph Merlin (1735- 1803) originaire de HUY, en Belgique. Il eut l'idée, vers 1760, d'adapter le patinage sur glace à la terre ferme en fixant des rouleaux en métal sur une plaque de bois. Ces premiers patins, directement dérivés du patin à glace étaient des patins en ligne.Pour l’anecdote, on relèvera que l’inventeur s’écrasa dans un miroir de valeur au cours d’une soirée mondaine à Londres et faillit y laisser la vie ( Cela est peut être la première chute de l’histoire du patin…).


2. Evolutions technologiques au cours du XVIII ème siècle.

L'idée fit son chemin, en France, avec Maximillian LODEWIJIK Van LEDE et ses «patins à terre» en 1789. Il était alors considéré comme un excentrique.PETIBLED déposa, en 1819, le premier brevet de patins à trois roues en ligne munis d'un butoir en guise de frein. Ces patins pouvaient être en bois, en ivoire ou en métal. Ils possédaient un frein nommé « arrêtoir » composé d’une vis fixée au talon. Le châssis pouvait être alors, soit monté directement sur la chaussure, soit garni de courroies tout comme les patins traditionnels, ou certains modèles en ligne de la marque MOJO par exemple.De nombreux contemporains imitèrent PETIBLED, dont notamment : SPENCE; TYERS ; LOHNER ; GARCIN; LEGRAND. Le patin de TYERS est très avancé pour l’époque

Il possède une butée sur l’avant, ce qui est une première, un frein au talon, des roues alignées de différents diamètres qui laissent présager le « rockering ».Le patineur peut passer des courroies dans le châssis pour fixer les patins.

Le patinage devient alors très à la mode dans les grandes villes américaines et européennes qui s’équipèrent de patinoires spécifiques.

 

.Les matériaux de la seconde moitié du XIX ème siècle ne permettaient pas de fabriquer des roues performantes. Le laiton, l’ivoire, ou la corne utilisés offraient une adhérence précaire et un très mauvais roulage d’autant plus que les sols étaient biens moins lisses qu’aujourd’hui. Loisir populaire, les patins à roulettes ne cessèrent par la suite de se transformer, de se renouveler, d’évoluer au fil des modes.

 

3. Naissance des patins traditionnels et déclin du patin en ligne

 

Les patins à essieux mobiles (quad ou patins classiques) firent leur apparition sous l’impulsion de l'Américain James Leonard Plimpton en 1863. Il nomma son invention : « rocking skate».

Ce patin est composé de 4 roues en bois montées sur deux essieux. L’inclinaison latérale des pieds fait converger les essieux et permet de tourner. L’usure prématurée des roues sur les essieux constituait le seul problème posé par ce système. Il perfectionna donc son invention par l’ajout d’une bague en bronze à l’intérieur du trou de l’essieu. Il mit au point un système de lubrification. Ce système, composé d’une vis sans fin, permettait de limiter l’usure des roues en entraînant la graisse sur les points de friction. Plimpton fit fortune grâce à son invention.

C’est à partir de cette période que le patin en ligne va décliner. Plus maniables, et tenant mieux la route que les rollers en ligne, les patins traditionnels permettent de tenter les figures les plus osées. Cependant, les patins en ligne ne furent pas totalement oubliés. En effet, ceux ci restaient plus légers, coûtaient moins cher, tout en nécessitant moins d’entretien et de réglages.

 

 

 

Retour au menu